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Interdiction de circuler pour les véhicules à combustion : l'Europe va-t-elle devenir la plus grande zone environnementale ?

La décision prise mardi par le Parlement européen de ne plus autoriser la circulation des voitures neuves équipées d'un moteur à combustion inquiète de nombreux automobilistes. Les Verts, la gauche et les sociaux-démocrates ont voté pour que seules les voitures d'occasion à essence et diesel puissent circuler en Europe. La question se pose désormais de savoir si ce n'était que la première étape vers une interdiction totale des moteurs à combustion sur nos routes.

Gitta Connemann (CDU), la chef de l'association des classes moyennes et des entreprises, est catégorique : "L'interdiction des voitures à combustion par l'UE n'était que la première étape. On peut le parier : L'interdiction de circulation des véhicules à combustion suivra". L'experte en économie met en garde contre le fait que la ligne de front idéologique des détracteurs de l'automobile de la gauche verte ne cesse de se déplacer - des valeurs limites renforcées aux interdictions de circuler en passant par les types de moteurs interdits.

En fait, l'organisation de lobbying écologique Greenpeace réclame déjà d'autres mesures contre les moteurs à combustion dans une étude intitulée "Il est temps de prendre un tournant dans le transport respectueux du climat". Le document demande que "la vente de nouvelles voitures diesel et essence (y compris les véhicules hybrides)" soit arrêtée au plus tard en 2028. En outre, tous les véhicules à moteur à combustion doivent être bannis des routes européennes d'ici 2040, et dans les villes à forte densité de population, l'abandon des véhicules diesel et essence devrait avoir lieu avant 2040. L'objectif est de réduire le parc de voitures et de véhicules utilitaires légers de 27 % d'ici 2030 et de 47 % d'ici 2040 par rapport à 2015. Cet objectif peut être atteint en renforçant les règles et en créant de nouvelles zones environnementales. Les critiques dénoncent toutefois le fait que les lobbyistes écologistes veulent ainsi prescrire ce dont les gens ont besoin et ce dont ils n'ont pas besoin. "Les voitures seront toujours nécessaires à l'avenir pour certains usages, mais tous les ménages ne doivent pas posséder leur propre voiture", peut-on lire dans le document.

Oliver Luksic (FDP), secrétaire d'État au ministère fédéral des Transports, est alarmé. Selon lui, l'idée d'interdire les véhicules à combustion à partir de 2040 est absolument disproportionnée et constitue une aberration antisociale et éloignée de la réalité. Il faut laisser toutes les possibilités et technologies ouvertes, y compris les "e-fuels" (carburants synthétiques). Des mises en garde émanent également du Parlement européen. "Les Verts indiquent clairement que la fin des véhicules à combustion à partir de 2035 ne doit être que la première étape", a déclaré l'eurodéputé Christian Doleschal (CSU). "Les penseurs du mouvement anti-voiture parlent déjà de directives plus strictes sur les gaz d'échappement et donc d'interdictions de circulation pour les voitures à moteur à combustion". Gitta Connemann, députée au Bundestag, a vivement critiqué la décision de l'UE : "Au lieu de miser sur des technologies innovantes, on cloue au pilori les conducteurs d'essence et de diesel".

Pour atteindre l'objectif fixé par "Fit for 55" - réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 pour cent d'ici 2030 par rapport à 1990 et atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 - le secteur des transports doit toutefois aussi apporter sa contribution. Après tout, il est responsable de 20 pour cent des émissions totales. Des interdictions de circuler à l'échelle européenne, des zones environnementales plus strictes ou même des zones zéro émission peuvent permettre d'atteindre ce résultat. Les Pays-Bas et Paris l'ont déjà compris et introduisent des interdictions de circulation pour les véhicules à combustion dans les prochaines années. L'Europe entière va-t-elle suivre ?