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Allemagne: les objectifs climatiques sont encore loin d'être atteints

Renforcer les mesures de réduction des gaz à effet de serre, développer un réseau énergétique plus vert : la République fédérale a encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs climatiques qu'elle s'est fixés. Mais selon les experts, rien de tout cela ne sera possible sans un véritable changement de paradigme.

Le coup d'envoi de la 27e conférence mondiale sur le climat (COP 27) a été donné hier. Au cours des 12 prochains jours, les dirigeants du monde entier discuteront entre autres de stratégies communes pour lutter contre le changement climatique. L'Allemagne y participe également et doit, comme de nombreux autres pays, présenter un état des lieux de sa politique environnementale et énergétique. Un état des lieux qui pourrait toutefois s'avérer encore trop éloigné du scénario souhaité. En effet, quelques jours seulement avant le sommet de Charm el Cheikh en Egypte, le comité d'experts mandaté dans le cadre de la loi sur la protection du climat n'a pas dressé un tableau rose dans son rapport.  

En effet, les objectifs climatiques de l'Allemagne pour l'année 2030 seraient en grand danger selon les rapports des experts consultatifs. "Pour l'instant, il ne semble pas que nous puissions les atteindre", avoue la vice-présidente Brigitte Knopf. Notamment en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre de 65% par rapport à 1990, il n'est pas possible de rester sur cette trajectoire si le pays respecte ses objectifs climatiques - ainsi que ceux fixés par l'Union européenne. Par rapport à l'évolution de la dernière décennie, explique le membre du Conseil Thomas Heimer, la quantité de réduction annuelle doit plus que doubler. Et ce, idéalement, en divisant par 10 les émissions polluantes de l'industrie et même en multipliant par 14 les économies d'émissions dans le secteur des transports.  

Il est vrai que les émissions de gaz nocifs pour le climat ont diminué de 27 % en Allemagne entre 2000 et 2021. Selon le rapport, il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que cette tendance se poursuive à l'avenir, car "la croissance économique générale ou l'augmentation des prestations de transport contrecarreront les gains d'efficacité dans la consommation d'énergie". Même si la réduction de la consommation d'énergie est en fin de compte toujours une décision respectueuse du climat, le véritable potentiel de création d'un avenir plus durable pour l'Allemagne réside dans le développement des sources d'énergie renouvelables et la réduction des transports. Une nécessité dont le ministère fédéral de l'Économie et de la Protection du climat de Robert Habeck (Verts) est conscient, mais qui nécessite néanmoins une accélération urgente de la mise en œuvre. 

Les experts sont également de plus en plus nombreux à appeler à la recherche d'un nouvel équilibre qui soit à la fois économiquement et écologiquement durable. Des experts d'associations telles que Klima-Allianz Deutschland ou Greenpeace appellent en effet à un changement de paradigme. Ils recommandent non seulement d'introduire des limites d'émission plus strictes ou des zones environnementales plus sévères, mais aussi de mettre en place un nouveau système - selon lequel la quantité encore autorisée peut être gérée entre les différents "agents d'émission". Ainsi, la politique pourrait organiser la consommation possible de manière à ce que les besoins énergétiques de l'économie et de la société puissent être satisfaits de manière plus écologique.  

On ne saura qu'à l'issue de la COP27 si l'Allemagne maintiendra sa stratégie actuelle ou si le gouvernement fédéral optera pour un changement de cap à la lumière des nouvelles consultations internationales. Mais ce qui est sûr, c'est que les décisions qui seront prises dans les prochains jours marqueront fortement notre avenir, ainsi que celui de notre planète.